Chères lectrices, chers lecteurs,

le numéro que vous avez entre les mains est riche en rencontres avec différentes personnalités qui se sont imposées à nous par leur intérêt et leur richesse. Citons d’abord Claudio Gubitosi, le fondateur du Giffoni Festival, consacré aux jeunes et au cinéma. Un rendez-vous culturel peu connu en France, et pourtant l’un des plus emblématiques en Italie. En 53 ans d’existence, le festival a attiré des millions de spectateurs venus du monde entier dans ce village de la province de Salerne, Giffoni Valle Piana. Un exemple de combien la culture peut être un levier de développement humain pour de nombreuses générations comme de développement économique pour tout un territoire.

À propos de jeunes, nous leur avons consacré un dossier spécial dirigé par Asia Buconi. Parce que les jeunes sont l’avenir du monde et de l’Italie. Critiqués, complimentés, ils représentent le thermomètre de la santé démocratique et culturelle d’un pays.

Place à la musique d’auteur. Paolo Fresu, trompettiste sarde, est aujourd’hui l’un des musiciens de jazz italien les plus connus au monde. Il nous raconte pourquoi il croit encore en l’Italie et en la force de la musique qui l’emporte sur l’indifférence. Puis c’est au tour de deux grands autres talents musicaux : l’accordéoniste français (d’origine italienne) Gregory Daltinet le contrebassiste originaire des Pouilles Marco Bardoscia, à l’occasion de la sortie de leur album intitulé Tramonto, un pont musical entre le temps qui vire au crépuscule et le temps qui s’ouvre devant nous, celui d’une aube nouvelle. 

Ultime touche musicale avec l’interview surprenante de l’auteur-compositeur-interprète italien Marco Rovelliqui marque de ses chansons le panorama contemporain des auteurs engagés, ceux que l’on appelle en France les chanteurs « à textes ». Il s’est confié à Lorenzo Tosa à l’occasion du festival Canzoni&Parole consacré à la musique d’auteur italienne, qui a eu lieu à Paris au mois d’avril dernier.

Francesca Vinciguerra a rencontré l’écrivain Giancarlo De Cataldo, parrain de la 15e édition du Festival Polar du Sud qui aura lieu à Toulouse en octobre prochain. De Cataldo, né à Taranto dans les Pouilles, vit à Rome depuis de nombreuses années où il concilie son travail de magistrat et l’écriture de romans noirs. Il nous parle de la capitale italienne, de ses livres à succès, de Romanzo criminale et Suburra, mais surtout de la direction que prend actuellement l’Italie. Et il n’est pas vraiment rassuré.

Troisième volet sur le 75e anniversaire de la Constitution italienne. Après Teresa Mattei et Piero Calamandrei, Lorenzo Tosa nous présente, à 100 ans de sa naissance, la figure de Don Lorenzo Milani.Prêtre et éducateur, don Milani, même s’il n’a pas participé à la rédaction de la Constitution, en a vécu toute la force humaine, éthique et culturelle, ce qui fait de lui l’un de ses plus grands interpètes italiens du XXe siècle. Son héritage le plus vibrant est contenu justement dans les derniers mots adressés à ses élèves : « L’école ne sert pas à produire une nouvelle classe dirigeante, mais une classe consciente. » Combien il nous manque aujourd’hui, dans cette Italie sans âme qui si souvent trahit sa Constitution tout en la célébrant.

L’historien Philippe Foro continue, pour sa part, l’exploration historique de ce qu’était l’Italie avant l’Italie. Après les Byzantins et les Ostrogoths, c’est au tour des Lombards.

Au chapitre saveurs, la chroniqueuse gastronomique Alessandra Pierini parvient une nouvelle fois à nous surprendre. Elle nous parle des légumes d’été avec une attention particulière portée aux aubergines, qui jouent l’un des premiers rôles dans les plats estivaux du Belpaese. Comme dans la légendaire parmigiana, mais aussi dans la pasta al forno con melanzane, les polpette alle melanzane et de nombreuses autres recettes.

L’itinéraire de ce numéro, qui occupe la dernière place de mon éditorial même s’il introduit toujours la revue, se dirige cette fois résolument vers le sud : la Basilicate, et surtout Matera et ses alentours. Tout au long de l’année 2019, la ville a célébré son statut de Capitale européenne de la Culture. Un événement qui a balayé d’un revers de main le préjugé, que l’on pouvait encore parfois rencontrer, selon lequel la Basilicate serait une terre arriérée, sur laquelle il y aurait si peu à découvrir. Vous vous plongerez dans les richesses de cette région en lisant l’itinéraire qui lui est consacré.

Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter un bel été.

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Rocco Femia, éditeur et journaliste, a fait des études de droit en Italie puis s’est installé en France où il vit depuis 30 ans.
En 2002 a fondé le magazine RADICI qui continue de diriger.
Il a à son actif plusieurs publications et de nombreuses collaborations avec des journaux italiens et français.
Livres écrits : A cœur ouvert (1994 Nouvelle Cité éditions) Cette Italie qui m'en chante (collectif - 2005 EDITALIE ) Au cœur des racines et des hommes (collectif - 2007 EDITALIE). ITALIENS 150 ans d'émigration en France et ailleurs - 2011 EDITALIE). ITALIENS, quand les émigrés c'était nous (collectif 2013 - Mediabook livre+CD).
Il est aussi producteur de nombreux spectacles de musiques et de théâtre.