A l’heure où une nouvelle saison de Formule 1 démarre, l’Equipe.fr jette un coup d’œil dans le rétroviseur et nous conte, sans excès de vitesse mais au contraire au long cours et en prenant le temps, l’histoire d’Alessandro Zanardi. Quand j’étais adolescent, ce coureur de F1 était un nom parmi d’autres sur une grille de départ. Mais attention, je savais que tous ces noms étaient ceux de sportifs de très haut niveau qui avaient la particularité de risquer leur vie sur une boucle d’asphalte.
Le pilote italien n’a pas eu une grande carrière en F1 mais conduire ces bolides sur une saison entière est déjà en soi une victoire. Jordan, Minardi, lotus, il n’intègrera jamais la Scudéria. Le public italien ne fait donc pas vraiment attention à lui. Quand il décide d’opter pour le championnat de CART américain, aucun journaliste de la Péninsule n’ira réaliser le moindre reportage sur lui là-bas. Et pourtant il gagne des courses, et même deux titres de champion. Il fait de l’ombre aux pilotes US qui lui taillent la réputation de pilote dangereux.
Pourtant ce 15 septembre 2001 sur le circuit de Lausitzring, ce n’est pas lui qui va provoquer un accident mais c’est un bolide qui va sectionner sa carrosserie à plus de 300 kilomètres/heure. Sa voiture est coupée en deux, son corps aussi. Il perd ses deux jambes, sectionnées dans le choc, et quatre litres de sang. Et pourtant il va survivre. Mais pour Zanardi survivre ne suffit pas. A peine rétabli et posé sur ses prothèses, il veut à nouveau conduire et surtout piloter.
C’est chose faite deux ans plus tard sur le circuit de Monza pour le championnat d’Europe des voitures de tourisme. Et il se met à nouveau à gagner, dans son habitacle au poste de commande adapté. Son rythme de vie change quand même au grand bonheur de sa famille. Six courses par an au lieu de vingt par an, les essais sur le circuit de l’usine BMW à Padoue, ville où il réside. Et cette saison l’aventure se poursuit : nouveau prototype, nouveau championnat, Zanardi se lance encore un défi après 25 ans de carrière automobile. Son team se demande encore s’il pourra remporter la moindre course, lui, n’en est pas là et rêve secrètement aux 500 miles d’Indianapolis.
Ce week-end, le championnat de Formule 1 débute en Australie. Il n’y aura pas de pilote italien sur la grille de départ, mais tous les noms qui vont s’aligner méritent d’être ici salués. Zanardi a fait partie des leurs et même s’il ne pilotera plus jamais de F1, son nom est rentré dans la légende. Les terminaisons nerveuses de ses jambes disparues perçoivent encore, parait-il, la sensation du freinage. Les paddocks de cette nouvelle saison, eux, doivent sans doute ressentir l’âme de ce pilote d’exception toujours en course.
A lire: Plus fort que la mort ,du pilote au champion paralympique, Alessandro Zanardi, la nouvelle icône de l’handisport, d’Anne Sophie Bourdet, l’Equipe.fr
Patrick Noviello est journaliste à France3 Occitanie. Il enseigne à l’Ecole de Journalisme de Toulouse dont il est issu. Il collabore à Radici depuis 2012. Sa dernière conférence théâtralisée « C’est moi c’est l’Italien » aborde, à travers l’histoire de sa famille, les questions liées aux migrations.