Traduction par Florence Courriol-Seita
Editions Le Soupirail / 180 pages / 20 €
À l’approche d’un hiver interminable, on aimerait bien que rien ne bouge. S’attacher au mouvement des arbres, aux allées et venues des bonnes soeurs, se laisser porter par les chants des jeunes filles à l’étage, ou s’enivrer du parfum des premières fleurs… Mais dans ce quartier familial et paisible, au numéro 18 de la rue, où on parle italien, c’est l’histoire de l’expulsion imminente d’une famille qui se dessine dans un huis clos sous le regard du chat de la maison. L’attente qui constitue le coeur du récit fait vivre les peurs de chacun, les tensions avec le voisinage dans un quartier en proie aux changements urbains. Voici le regard éclairé de ce chat mutin, poétique, farouchement indépendant et attaché à son territoire sur les bouleversements qui touchent la « drôle de vie des hommes ».
Entre hermétisme et symbolisme, jeux de lumière et de rôles, regards croisés, ce roman singulier propose une traversée du réel, tout en nuances.
Née à Lugano en 1937, Anna Felder, suisse-italienne, est une grande figure du patrimoine littéraire tessinois. Son écriture singulière qui se reconnaît au « refus de la convention » et à une « réduction de la langue à l’essentiel » avait séduit Italo Calvino qui avait publié Sous l’oeil du chat (La disdetta) chez Einaudi (1974), repris chez Casagrande (1991). Auteur d’une dizaine de romans, nouvelles, ainsi que de pièces théâtrales et radiophoniques, son oeuvre a reçu le prix Schiller en 1998. La plupart de ses textes sont traduits dans l’aire germanique ; seul son premier roman Le Ciel est beau ici aussi est traduit en français (éditions Alphil, Suisse). Elle a reçu en février 2018 le Grand Prix suisse de littérature.