À 540 ans de sa naissance en ce lointain 1483, nous avons décidé de consacrer l’itinéraire de ce numéro au grand peintre Raphaël. Le maître de la Renaissance, à travers deux de ses œuvres majeures, rend hommage à sa ville natale, Urbino. Il signe en effet « Raphael Urbinas », « de Urbino » justement, et il l’écrit en lettres majuscules pour le faire savoir à tous. Stefano Zuffi est retourné visiter la certes petite mais ô combien « influente » cité des Marches à la Renaissance, afin d’éclaircir le lien qu’entretenait Raphaël avec celle qui l’a vu naître au printemps 1483.
Lorenzo Tosa, avec sa clarté et son intelligence habituelles, continue son parcours à la découverte d’une Italie combattante, juste, qui ne baisse pas les bras face aux problèmes de société et qui est même actrice d’un changement et d’un engagement citoyen. Il le fait cette fois à travers trois grandes figures féminines : Franca Viola, Lea Garofalo et Rita Atria. Parce que l’espoir et la réalité de leurs témoignages sont la véritable réponse à donner à l’indifférence et à la peur qui caractérisent notre époque.
Biagio Picardi, pour sa part, nous emmène à la découverte, pas tout à fait rose, du rapport Istat 2022 sur l’état démographique de l’Italie. Bella e vecchia Italia. Les naissances sont en chute libre et font de notre pays la lanterne rouge de l’Europe en matière d’espoir en l’avenir. L’Italie en risque d’extinction ? C’est peut-être exagéré ; et puis, comment le monde pourrait-il se priver des Italiens ! Mais à ce rythme et avec le vieillissement inexorable de la population, il faut absolument prendre des mesures d’urgence et faire preuve de clairvoyance en matière de politiques sociale et d’accueil. Qui sait si le salut, justement, ne viendrait pas des nombreux « nouveaux Italiens » qui sont arrivés et arriveront encore sur notre territoire. Et espérons que la politique, si elle met enfin de côté une certaine hypocrisie, réussira à faire de ces « nouveaux Italiens » une opportunité de croissance et de dynamisme. Aussi parce que depuis longtemps maintenant, les Italiens qui quittent le pays et vivent à l’étranger sont plus nombreux que les étrangers présents en Italie. À méditer.
Dans son article « Una fine senza scampo », Marco Ventura nous éclaire sur un autre peintre emblématique : le Caravage. Sa mort reste entourée de mystères. Vous trouverez dans ces pages le fil de ce qui pourrait s’être produit ainsi que l’interview de l’acteur et réalisateur Michele Placido qui a tourné un film sur cette histoire, sorti en novembre 2022 en Italie et le 28 décembre en France.
Nous poursuivons en outre notre éclairage sur les grands divulgateurs italiens. Dans ce numéro, Magda Ottonenous fait découvrir la figure d’Alberto Manzi, également connu comme « il maestro d’Italia ». Non è mai troppo tardi [« il n’est jamais trop tard »] fut le titre de l’émission télévisée de la Rai qui le fit connaître aux Italiens en 1960 en remportant un immense succès. Non è mai troppo tardi lança même une révolution pédagogique tellement importante qu’elle permit à un million et demi d’analphabètes d’obtenir le Certificat d’étude. Il serait bon que la télévision d’aujourd’hui se charge de ce même objectif pédagogique qui l’avait animée dans ses premiers moments de vie.
Enfin notre rendez-vous avec les grandes villes qui ont accueilli les Italiens en France : l’historien Éric Vial nous parle cette fois de Grenoble. Bien sûr, la capitale de l’Isère, dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, est une ville de sports (plutôt hivernaux), d’ingénieurs et de techniciens, un laboratoire de la « nouvelle gauche » devenu une place forte écologiste, mais Grenoble est aussi, dans l’imaginaire comme dans la réalité, une ville très italienne. Vous le découvrirez en lisant l’article.
Coté gastronomie, Alessandra Pierini aborde le rôle des croyances religieuses sur la nourriture et sur la cuisine italienne. Croyances religieuses mais aussi rites populaires, mythes, symboles et traditions dans lesquelles le folklore, le sacré et le profane se mélangent dans un enchevêtrement de sensations et de saveurs qui continuent de perdurer. L’Italie, nous le savons, est une terre empreinte de traditions et de croyances populaires, où le lien entre nourriture et cuisine est solide et profond.
Non mi resta che augurarvi un buon anno, pieno di speranza e felicità!
Rocco Femia, éditeur et journaliste, a fait des études de droit en Italie puis s’est installé en France où il vit depuis 30 ans.
En 2002 a fondé le magazine RADICI qui continue de diriger.
Il a à son actif plusieurs publications et de nombreuses collaborations avec des journaux italiens et français.
Livres écrits : A cœur ouvert (1994 Nouvelle Cité éditions) Cette Italie qui m'en chante (collectif - 2005 EDITALIE ) Au cœur des racines et des hommes (collectif - 2007 EDITALIE). ITALIENS 150 ans d'émigration en France et ailleurs - 2011 EDITALIE). ITALIENS, quand les émigrés c'était nous (collectif 2013 - Mediabook livre+CD).
Il est aussi producteur de nombreux spectacles de musiques et de théâtre.