Le sport aime ces belles histoires de Petit Poucet qui gagne à la fin face aux ogres. Mais elles sont de plus en plus rares. Pourtant l’entraîneur italien vient d’écrire un magnifique conte qui restera dans les annales footballistiques. « Gloire au roi Claudio » a même titré la Gazzetta dello Sport après que l’équipe qu’il entraîne, Leicester, ait conquis le titre de Champion d’Angleterre.
« Les miracles n’existent pas »
Zidane
« C’est un conte de fées comme seul le football peut l’écrire. C’est la magie du football, bravo à Claudio Ranieri, bravo aux joueurs » s’enthousiasme Gianni Infantino, son compatriote, Président de la Fifa. Zinedine Zidane, ancien champion du monde français et actuel entraîneur du Réal de Madrid préfère recadrer les choses : « Les miracles n’existent pas dans le football. Ranieri, l’entraîneur, et les joueurs ont accompli un travail phénoménal ».
Ranieri c’est un nom qui a toujours rappelé des grands clubs : la Fiorentina, La Juve, l’As Roma, Chelsea… Mais c’était un nom rarement gravé dans le bronze des palmarès (une coupe d’Italie avec Florence, une coupe d’Espagne avec Valence et un titre de champion de Ligue 2 avec Monaco). A 64 ans après une expérience ratée, virée au bout de quatre matchs, de sélectionneur de Grèce, pas grand monde ne croit plus en lui en septembre dernier.
Surnommé « le bricoleur »
« Quand je suis arrivé, les bookmakers ont dit : Ranieri sera le premier entraîneur viré cette saison » aime-t-il désormais à rappeler, hilare. Evidemment personne n’ose le qualifier de looser mais vu son effectif et son côté stratège du ballon rond, la presse britannique le surnomme « le bricoleur ». Mais derrière le tacticien au look très professoral, se cache aussi un sacré meneur d’homme. Pour la première victoire de sa formation sans encaisser de but, il offre des pizzas à tous ses joueurs…
L’homme a su très vite que ce pari anglais était sans doute sa dernière chance. Alors il a fait, comme d’habitude, s’est appliqué, a galvanisé ses troupes et formé un véritable groupe. Et le travail a payé. Va-t-il devenir à nouveau courtisé par les plus grands clubs, comme quelques uns des joueurs qu’il a su mettre dans la lumière ? « Je suis bien à Leicester, je ne pense pas bouger. Je pense que ce sera mon dernier club et j’espère qu’ils me donneront un contrat long de six ou sept saisons de plus avant que je me retire » déclarait-il en mars.
Vingt ans avant un tel exploit
Mais comme Zidane, le coach italien ne croit pas au miracle. Selon lui, il faudra attendre au moins vingt ans pour qu’une équipe d’outsiders comme la sienne soit à nouveau championne de Premier League. « Les plus riches, ceux qui peuvent choisir les meilleurs joueurs, vont gagner » commente-t-il. D’accord, mais lui a montré qu’il y avait quand même encore la place…
Patrick Noviello est journaliste à France3 Occitanie. Il enseigne à l’Ecole de Journalisme de Toulouse dont il est issu. Il collabore à Radici depuis 2012. Sa dernière conférence théâtralisée « C’est moi c’est l’Italien » aborde, à travers l’histoire de sa famille, les questions liées aux migrations.