Je suis tombé par hasard sur les palmarès des livres les plus vendus en Italie, et que trouve-t-on dans la catégorie Essais ?
À la première place, le livre du journaliste Bruno Vespa.
J’essaie de me l’expliquer, mais il m’est impossible de trouver un point d’appui qui puisse me permettre d’échapper à l’épreuve du non-sens et du révisionnisme dans lequel est tombée depuis quelques temps l’Italie. La comédie vire hélas à la tragédie.
Bruno Vespa est le journaliste le plus médiatisé de la télévision italienne. Il vient de publier son titre annuel. Eh oui, depuis des lustres, il publie un livre de 4/500 pages par an.
Cette fois, c’est un hommage aux raisons qui ont conduit les Italiens (définition un peu large) à « aimer » (sic !) Mussolini. Il y a quelques jours, il a fait valoir cela, expliquant que le Duce avait « créé les contrats nationaux, l’INPS, l’Istituto nazionale della previdenza sociale (Institut national de sécurité sociale), la semaine de 40 heures » et autres aménités.
En fait, l’INPS est né en 1898 avec la Caisse nationale d’assurance invalidité et vieillesse de travailleurs. Le Cabinet Mussolini transforme le Fonds national en Istituto nazionale fascista della previdenza sociale (Institut national fasciste de sécurité sociale), l’INFPS. Et en ce qui concerne la semaine de 40 heures, c’est une conquête des syndicats introduite par une loi (n. 196 de 1977) approuvée un demi-siècle après la fin du régime.
Qu’importe. Bruno Vespa est fait comme ça.
L’important, c’est que le titre puisse fonctionner pour assurer les ventes (apparemment, ça marche) et qu’importe si le journaliste se range du coté de ceux qui pensent « …oui, mais le fascisme a aussi fait de bonnes choses ».
Oui le fascisme a tué ses adversaires, les a emprisonnés, les a exilés, les a torturés. Qu’importe.
Même si ce régime avait créé l’INPS et réduit le nombre d’heures de travail.
Et que pense Bruno Vespa du fait que le régime a traîné l’Italie du côté de la bête nazie et tué 440 000 Italiens, pour la plupart des civils ?
Mais qu’importe.
Bruno vespa arrive en tête des livres les plus vendus.
Cela me suffit pour comprendre pourquoi, à seize ans, j’ai choisi le coté où me situer, j’y suis resté, et j’y resterai.
Qu’importe les classements.
Et lisez plutôt ce livre « Y a-t-il de bons dictateurs ? Mussolini, une amnésie historique » (Éditions Vuibert), dans lequel l’historien Francesco Filippi démonte les mythes du fascisme italien.

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Rocco Femia, éditeur et journaliste, a fait des études de droit en Italie puis s’est installé en France où il vit depuis 30 ans.
En 2002 a fondé le magazine RADICI qui continue de diriger.
Il a à son actif plusieurs publications et de nombreuses collaborations avec des journaux italiens et français.
Livres écrits : A cœur ouvert (1994 Nouvelle Cité éditions) Cette Italie qui m'en chante (collectif - 2005 EDITALIE ) Au cœur des racines et des hommes (collectif - 2007 EDITALIE). ITALIENS 150 ans d'émigration en France et ailleurs - 2011 EDITALIE). ITALIENS, quand les émigrés c'était nous (collectif 2013 - Mediabook livre+CD).
Il est aussi producteur de nombreux spectacles de musiques et de théâtre.