Depuis le XVe siècle, le sud de la péninsule italienne accueille des communautés albanaises qui avaient fui les incursions turques. Encore aujourd’hui, leurs descendants, les Arbëreshë, conservent une langue, des rites
religieux et des coutumes qui leur sont propres.
Il est en Calabre des maisons qui vous regardent, vous sourient, vous parlent et, par moment, l’on a même l’impression d’en entendre le souffle. Elles explosent parfois en un cri strident pour résister, sans doute, à l’immobilisme et au néant qui, fanfarons, avancent en engloutissant un à un les petits villages du Sud. Ces maisons dotées d’un visage et d’une âme sont les maisons Kodra, ainsi appelées en mémoire de l’artiste albanais Ibrahim Kodra qui, en visitant le village de Civita, charmante petite bourgade calabraise, en a fait le portrait dans les couleurs vives de sa peinture. Si, à Civita, l’artiste post-cubiste a immédiatement respiré un air familier, c’est parce qu’il s’agit de l’une des 33 communes calabraises dans lesquelles, il y a plus de cinq siècles, s’établirent les Arbëreshë, c’est-à-dire les Albanais d’Italie.