Le David di Donatello 2018 a récompensé avec cinq prix le film Ammore e Malavita des frères Manetti. Cette année, nous avons assisté à un triomphe de Naples sur le grand écran, une ville dont il est de plus en plus difficile parler sans prendre en considération ses côtés les plus obscurs, et sur laquelle, pourtant, tout le monde semble avoir envie de dire quelque chose.
Roberto Saviano, auteur de Gomorra, nous dit que pour combattre la camorra il faut en parler, la faire sortir de l’ombre où elle se cache, mais cette mission ne lui serait-elle pas un tant soit peu glissée des mains ? La série télévisée Gomorra a créé un phénomène médiatique sans précédent, de qualité certes, mais qui est en train d’influencer l’imaginaire du monde entier sur la ville parthénopéenne : les « méchants » deviennent des mythes chargés de charme, dont les répliques pénètrent dans nos discours jusqu’à devenir des intercalaires courants.
Ammore e Malavita, film parodique et enthousiaste, nous parle aussi de cette espèce de « Gomorra fever » : drôle et déconcertante, par exemple, est la scène de la guide touristique qui vend un tour dans le quartier Scampia comme l’expérience touristique ultime. « Paris a la tour Eiffel, Rome a le Colisée, la Chine a la Grande Muraille et nous, à Naples, nous avons les fameuses « voiles » de Scampia », dit-il pendant que les touristes prennent des photos des quartiers mal famés de Naples et s’y font voler leurs sacs avec joie.
Le film pousse jusqu’à la caricature les phrases, les passages narratifs et les lieux de Gomorra pour en créer quelque chose de nouveau. Ammore e Malavita est la « sceneggiata » napolitaine qui part à la rescousse de la légèreté colorée de Naples, en mélangeant théâtre, chanson et aussi un peu d’action à la James Bond, sans jamais se prendre au sérieux.
Pour se souvenir que Naples est certes « malavita », mais aussi beaucoup d’« ammore »
Les cinq David di Donatello décernés à Ammore e Malavita des frères Manetti sont :
Meilleur film
Meilleure actrice non-protagoniste : Claudia Gerini
Meilleurs musiciens : Pivio e Aldo De Scalzi
Meilleure chanson originale : Bang bang, musique de Pivio et Aldo De Scalzi ; paroles de Nelson ; interprétation de Serena Rossi, Franco Ricciardi et Giampaolo Morelli
Meilleure costumière : Daniela Salernitano
Née en 1991 à Lanciano, Francesca Vinciguerra a récemment obtenu son diplôme en littératures française et européenne dans les universités de Turin et de Chambéry, avec un mémoire en littérature post-coloniale française. Depuis septembre 2016, elle vit à Toulouse, ville où elle a entrepris une collaboration avec la revue RADICI et a terminé un service civique avec l’association de musique baroque Ensemble baroque de Toulouse.