Triste histoire celle de Don Roberto Malgesini, 51 ans.
Hier matin de bonne heure avait quitté son domicile de la ville de Côme pour commencer la tournée de distribution du petit-déjeuner aux démunis, comme il le faisait chaque matin.
Sauf qu’aujourd’hui l’attendait son assassin, un sans-abri d’origine tunisienne souffrant de graves troubles psychiques. Un de ceux que Don Roberto suivait et aidait personnellement, comme il le faisait pour les plus fragiles, les marginalisés.
Parce que Don Roberto était ceci: un prêtre de rue.
Celui qui a consacré sa vie à son prochain, telle une mission.
Alors que d’autres se limitent à parler de foi et de christianisme, don Roberto a transformait depuis des années le message chrétien en chair et en os, apportant de quoi manger aux pauvres, pourvoyant aux nécessités de base de ces oubliés de nos sociétés, accompagnant personnellement chacun chez le médecin chaque fois qu’il y en avait besoin. Il gérai aussi la cantine et le dortoir municipal, qui accueillaient principalement les migrants.
Pour cette raison, dans la ville, il a été mal toléré par ceux qui ont construit tout un message politique autour de la chasse aux immigrants au nom de cette indigne phrase «les Italiens d’abord». Les mêmes personnes qui aujourd’hui, avec un cadavre encore chaud – à commencer par Matteo Salvini – utilisent Don Roberto pour leur sordide propagande anti-migrants.
Loin vos mains et vos misérables paroles de cet homme qui dans la vie incarnait exactement le contraire de votre vision du monde. Don Roberto a risqué et perdu sa vie pour aider les autres et mérite tout sauf devenir un symbole de votre misère.
Don Roberto n’était pas et ne voulait pas être un symbole de quoi que ce soit ou de personne.
Il voulait juste faire de ce monde dans lequel il vivait un endroit plus humain et supportable.
Bon voyage Don Roberto, prêtre des derniers.
Un homme.
Rocco Femia, éditeur et journaliste, a fait des études de droit en Italie puis s’est installé en France où il vit depuis 30 ans.
En 2002 a fondé le magazine RADICI qui continue de diriger.
Il a à son actif plusieurs publications et de nombreuses collaborations avec des journaux italiens et français.
Livres écrits : A cœur ouvert (1994 Nouvelle Cité éditions) Cette Italie qui m'en chante (collectif - 2005 EDITALIE ) Au cœur des racines et des hommes (collectif - 2007 EDITALIE). ITALIENS 150 ans d'émigration en France et ailleurs - 2011 EDITALIE). ITALIENS, quand les émigrés c'était nous (collectif 2013 - Mediabook livre+CD).
Il est aussi producteur de nombreux spectacles de musiques et de théâtre.