Giuseppe Santoliquido, politologue et écrivain, revient sur les revirements récents de la scène politique italienne et se penche sur l’échiquier mondial actuel.
Nous nous étions quittés à l’entame de l’été. À cette période de l’année, un homme semblait tenir la Péninsule dans le creux de sa main, la faisant frissonner au gré de son humeur belliqueuse, s’en prenant tantôt aux migrants tantôt à l’Union européenne, tantôt à ses partenaires de gouvernement, tantôt aux élites de tous bords, fort d’une habileté rhétorique sans pareille et d’un sens de la démagogie hors pair, dans la droite ligne d’un Silvio Berlusconi ou d’un Matteo Renzi des temps de leurs splendeurs. Matteo Salvini célébrait son tout récent triomphe aux élections européennes, emportait le gouvernement du Piémont dans la foulée, septième région consécutive basculant à droite, et finissait, dans une sorte de délire d’omnipotence, par faire tomber le gouvernement, certain que ses compatriotes apeurés par les flux migratoires et l’oppression exercée sur eux par les instances européennes, lui octroieraient, dans les urnes, l’équivalent moderne de cette sacrosanctitas (sorte d’immunité, d’inviolabilité politiques) que les Romains accordaient aux tribuns de la plèbe dans l’Antiquité.