L’Istat (l’équivalent italien de l’Insee) a récemment affirmé vouloir conformer ses critères d’évaluation du PIB italien aux règles européennes d’Eurostat. Des règles qui insèrent dans le calcul du PIB d’un pays « toute activité produisant un revenu, indépendamment de son statut juridique ».

En d’autres termes, des activités comme la prostitution ou le trafic de stupéfiants entreront, de cette façon, dans le secteur considéré comme « productif », c’est-à-dire susceptible de déterminer la richesse d’un pays. Et la politique dans tout cela ?
C’est une information qui est restée en marge de la campagne pour les élections européennes, mais qui suscite certaines questions d’une importance capitale : ce qui est foncièrement mauvais peut-il être considéré comme bon ? En laissant de côté les idéologies et le faux moralisme, peut-on réellement dire que ces activités contribuent à notre qualité de vie ? Qu’en dit la politique ?

Bien sûr, si l’on écoute les analystes économiques, une politique bien menée dans ce domaine a pour finalité d’amener le PIB du pays en zone positive et de relancer, de cette manière, la croissance du pays. Personne, cependant, ne se pose une autre question, pourtant tout aussi essentielle : est-on certain que le seul fait d’augmenter le PIB et/ou la croissance soit toujours, et dans tous les cas, positif et souhaitable ? Et puis, est-il vrai, au fond, que seule l’augmentation du PIB permet à un peuple de vivre dans le bien-être, donc heureux ? Que la qualité de vie, de la démocratie, des droits et de la liberté de tel ou tel peuple seront garantis simplement parce que le PIB a augmenté ?
Si nous regardons en arrière, surtout dans les sociétés du XIXe et du XXe siècle, nous constatons que quand l’économie produisait essentiellement des marchandises, à une époque où une grande partie de l’humanité souffrait de trop nombreux manques pour avoir une vie décente, le fait d’avoir réussi à augmenter la production industrielle, donc le revenu, a en effet engendré une bonne chose : ces biens sont devenus pour beaucoup synonymes de bien-être.

Rocco Femia

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Rocco Femia, éditeur et journaliste, a fait des études de droit en Italie puis s’est installé en France où il vit depuis 30 ans.
En 2002 a fondé le magazine RADICI qui continue de diriger.
Il a à son actif plusieurs publications et de nombreuses collaborations avec des journaux italiens et français.
Livres écrits : A cœur ouvert (1994 Nouvelle Cité éditions) Cette Italie qui m'en chante (collectif - 2005 EDITALIE ) Au cœur des racines et des hommes (collectif - 2007 EDITALIE). ITALIENS 150 ans d'émigration en France et ailleurs - 2011 EDITALIE). ITALIENS, quand les émigrés c'était nous (collectif 2013 - Mediabook livre+CD).
Il est aussi producteur de nombreux spectacles de musiques et de théâtre.