En des temps lointains, elle était un berceau d’idées nouvelles et d’avant-garde, qui vit naître de grandes figures telles que Christophe Colomb, Italo Calvino ou Eugenio Montale.
Aujourd’hui, la Ligurie a changé, mais il reste à découvrir ses traditions ancestrales, ses petits villages perchés, sa saveur authentique, loin des stations balnéaires et des sites touristiques. Entre mer et montagne, entre passé et présent, bienvenue dans le Ponant italien.
«J’ai grandi dans une ville qui était vraiment différente du reste de l’Italie, du temps où j’étais enfant : San Remo était encore, à cette époque, peuplée de vieux Anglais, de grands-ducs russes, de personnes excentriques et cosmopolites. »
C’est Italo Calvino qui parle, auteur de nombreuses œuvres dont Le Sentier des nids d’araignées, Le Vicomte pourfendu, Le Baron perché. Il est l’un des grands écrivains italiens du XXe siècle, fils d’un territoire étroit et escarpé, blotti entre mer et montagne, berceau de mouvements d’avant-garde et d’idées nouvelles, port franc pour les libres-penseurs, les révolutionnaires et les aventuriers : le Ponant ligure. Une côte de 150 kilomètres d’un bleu très clair, tournée vers le sud, qui s’étend de Gênes à Vintimille, en passant par Varazze et ses vestiges médiévaux, par les falaises de Finale, par Loano, Albenga, Alassio et, bien sûr, par Sanremo. Un autre poète célèbre de Ligurie, Eugenio Montale, a écrit : « Rivages, / quelques lames épineuses d’agave suffisent, / accrochées à un abrupt / sur le délire de la mer : ou deux camélias pâles / dans les jardins déserts » [Poèmes choisis. Gallimard, 1991. pp. 74 et 75]. Le vieux Ponant a un charme à l’arrière-goût de mélancolie : le charme d’une ancienne gloire au visage ridé et au dos courbé. Là-haut, la Belle Époque s’est terminée avec l’avènement des années quarante, balayée par des vents belliqueux, écrasée sans pitié par les bottes en cuir des soldats fascistes qui, dans une aube pâle, traversèrent la frontière et marchèrent sur Menton. Dès lors, pour le dire avec les mots de Calvino, cette terre « cessa d’être ce point de rencontre cosmopolite qu’elle était depuis un siècle » et « devint un morceau de la périphérie milano-turinoise ». Pour redécouvrir l’ancienne Riviera, dont s’amourachèrent poètes et écrivains, il suffit de s’engager sur le bord de mer de Sanremo, appelé Promenade de l’Impératrice.
Andrea Sceresini
Andrea Sceresini (Sondrio, 1983), journaliste freelance, travaille actuellement pour la chaine télé La7. Il est auteurs se plusieurs reportages de guerre pour les journal “La Stampa”, “Il Foglio”, “il Fatto Quotidiano” et “l’Espresso”. Il a gagné le prix “Igor Man” et “Ivan Bonfanti” pour ses correspondances de l’Ukraine. Pour la maison d’édition Chiarelettere, il a écris “La seconda vita di Majorana”, avec Giuseppe Borello et Lorenzo Giroffi (2016).