Un mystère irrésolu depuis des décennies : qu’est devenu le célèbre physicien, surtout connu pour ses travaux en physique des particules ? Se serait-il suicidé, aurait-il fui ? Certains privilégient une autre piste…
Chi l’ha visto? (Qui l’a vu ?) était le titre d’une rubrique du journal La Domenica del Corriere dans laquelle on pouvait lire l’annonce suivante, dans l’édition du 17 juillet 1938 : « Ettore Majorana, professeur titulaire de la chaire de Physique à l’Université de Naples, a mystérieusement disparu. 31 ans, 1m70, svelte, cheveux noirs, yeux sombres, une longue cicatrice sur le dos d’une main. Toute personne susceptible d’avoir des informations est priée d’écrire. » Les dernières nouvelles du jeune scientifique datent du 26 mars 1938 alors que, dans un hôtel de Palerme, il avait fait part à un collègue de son intention de prendre le premier bateau pour Naples. Ensuite, plus rien, et sur toutes les conjectures qui ont suivi plane encore l’ombre du doute, l’incertitude de l’adverbe peut-être : peut-être Majorana s’est-il suicidé en se jetant à la mer ; peut-être a-t-il été assassiné ; peut-être est-il descendu du bateau (ou bien n’y a-t-il jamais mis les pieds) pour se retirer dans un couvent ; peut-être s’est-il réfugié en Amérique du Sud… « Ou peut-être en Allemagne, où il mena des études top secrètes sur l’énergie nucléaire à la solde des nazis », ajoute Federico Di Trocchio, professeur d’histoire des sciences à l’Université La Sapienza de Rome et auteur de plusieurs publications sur l’affaire Majorana. Où est donc la vérité ? Pour en comprendre davantage, il faut reconstruire le déroulement des événements en commençant par le premier élément de toute enquête : le profil de la victime, ou plutôt du « disparu ».