Porte ouverte sur des cultures et des histoires différentes, la ville de Gênes est depuis toujours chantée, aimée et pleinement vécue, au rythme de ses vagues incessantes.
À Gênes, on sent l’odeur de la mer dès que l’on descend du train. Dans les allées et venues des voyageurs, dans les murmures des Génois, dans la prudence des automobilistes. Dans les vagues lointaines que l’on écoute dès que l’on empoigne sa valise. La gare de la piazza Principe annonce l’eau et toute une mosaïque d’émotions. Car Gênes, en latin, se dit ienua, porte, et elle ouvre, non pas une, mais mille villes. Vue de la mer, elle ressemble à une flotte déployée de vaisseaux de pierre, une « Dame des vagues » comme la voulait Pétrarque. Superbe et dominante, comme la décrivent les livres d’histoire qui relatent le parcours d’une invincible République maritime qui domina la mer Méditerranée et la mer Noire pendant 400 ans et défia Autrichiens, Français et Anglais, pour ne se rendre qu’en 1814, annexée au Royaume de Sardaigne par les grandes puissances européennes.
Mais dès que l’on quitte les quais et qu’on la rencontre, là où la mer se sent mais est encore invisible, Gênes est surtout pleine de vie. Italienne, arabe, byzantine. Linge suspendu au soleil, musique sans frontières, filets de pêche et focaccia aux oignons.
Des têtes un peu comme ça
À chaque pas, la mer nous appelle. Elle est sur les visages des gens, avant tout. Les Génois ont été seigneurs de la mer, à la fois marchands et guerriers. On dit qu’ils ne sont pas très dépensiers. Mais toujours et quoi qu’il arrive, Génois. Ils ont des têtes « un peu comme ça », comme le disait de ses visiteurs, en 1975, Bruno Lauzi, en racontant en musique Genova per noi, œuvre écrite pour lui par Paolo Conte. Fiers, jeunes et vieux, pêcheurs et commerçants. Sur la piazza della Nunziata, une vieille femme grincheuse nous indique l’Aquarium, œuvre de Renzo Piano, le deuxième plus grand d’Europe avec ses soixante-dix bassins peuplés de requins, pingouins, pieuvres, dauphins, phoques et tortues. Elle parle d’un problème, de douze mille prisonniers, de paysages détruits. « Dites-le leur quand vous rentrerez chez vous », nous supplie-t-elle, « les poissons souffrent dans cet endroit. Et les bateaux aussi, que l’on ne voit presque plus. » Une jeune guide vêtue d’un tailleur sombre nous sourit ainsi qu’à la femme âgée. Peut-être travaille-t-elle à l’Aquarium. Son allure est rapide, elle est jeune. Génoise aussi. Elle a aussi un visage « un peu comme ça ». Mais dans un autre monde. Toujours provocateur, Bruno Lauzi disait que Gênes « est une idée comme une autre ». Mais il pensait le contraire. Parce que, il le savait, cette ville est en fait beaucoup d’idées en une. Celles de ses enfants aux mille talents. Des navigateurs et des explorateurs à la Christophe Colomb. Et des musiciens, comme Goffredo Mameli et Niccolò Paganini. Des écrivains, comme Eugenio Montale. Et des patriotes comme Giuseppe Mazzini. Tous ses enfants. De même que Fabrizio De Andrè, Gino Paoli, Luigi Tenco et Bruno Lauzi, représentants, justement, de l’École génoise de la chanson. Entre mélancolies, voyages et guitares.
Biagio Picardi
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Nato a Lagonegro, un paesino della Basilicata, e laureato in Scienze della Comunicazione, vive a Milano. Oltre che per Radici attualmente scrive per Focus Storia e per TeleSette e realizza gli speciali biografici Gli Album di Grand Hotel. In precedenza è stato, tra gli altri, caporedattore delle riviste Vero, Stop ed Eurocalcio e ha scritto anche per Playboy e Maxim. Nella sua carriera ha intervistato in esclusiva personaggi come Giulio Andreotti, Alda Merini, Marcello Lippi, Giorgio Bocca e Steve McCurry.