Un jour, pour calmer mon esprit en proie au doute, j’ai dû acheter une géographie et contrôler de mes yeux que Marseille était bien dans un département qui s’appelait les Bouches-du-Rhône. J’ai fermé la géographie. Le lendemain, je l’ouvris de nouveau. Marseille était dans les Bouches-du-Rhône, cependant les Bouches-du-Rhône devaient être en Italie. Et bien ! non, ce département était en France ». C’est avec malice et un brin d’inquiétude, qu’Albert Londres décrit dans Marseille Porte du Sud l’importance qu’a la prise la population italienne dans la cité phocéenne en 1926.
En effet, si le cosmopolitisme marseillais évoque aujourd’hui une population bigarrée évoluant autour du port colonial, mais aussi l’histoire récente de la région, où les migrants sont largement issus d’Afrique du Nord, il ne faut pas oublier que, pendant longtemps, ce sont nos voisins transalpins qui ont occupé le devant du tableau. Au début du XXe siècle, ils représentent jusqu’à un quart de la population de la ville. Marseille et sa région sont bien, avant tout, des terres où les Italiens ont laissé leurs empreintes des années 1840 aux années 1940.