J’aime tant les gifles que la vie donne aux racistes et aux xénophobes. Ceux qui ne veulent en aucun cas d’immigrés chez eux. Aveuglés seulement par l’égoïsme et un esprit souverainiste décidément antihistorique.
Lorsque la nouvelle extraordinaire s’est répandue hier selon laquelle le vaccin contre le coronavirus de Pfizer-Biontech s’est avéré efficace dans 90 % des cas, nous tous (sauf cette crème de notre société toujours en quête de victimes) avons poussé un énorme soupir de soulagement.
Mais, hormis la bonne nouvelle, ce qui m’a frappé, c’est l’histoire des deux chercheurs qui sont derrière cette découverte scientifique phénoménale. Une histoire de passion, de réussite humaine, d’amour.
Les deux personnes sur la photo sont Özlem Türeci et Ugur Sahin. Tous deux d’origine turque, tous deux arrivés en Allemagne enfants avec leurs familles respectives.
Ugur arrive à Cologne où son père travaille à l’usine Ford. Une passion viscérale pour le football mais surtout pour la science. Très doué pour les études, il obtient un diplôme en médecine en un temps record et entame une carrière universitaire. À l’université, Ugur rencontré Özlem, également fille d’un « Gastarbeiter » (travailleur immigré) turc qui s’installe dans le nord de l’Allemagne. Elle aussi est passionnée de science.
Après quelques années, Özlem et Ugur se marient, abandonnent leur carrière universitaire et créent deux laboratoires dédiés à la recherche sur le cancer : le premier s’appelle « Ganymed » tandis que le second s’appelle « Biontech » (ça vous dit quelque chose ?)
Leur travail est immédiatement remarqué par des géants pharmaceutiques tels que Novartis et Pfizer qui entament des collaborations.
En janvier dernier, lorsque la nouvelle se répand d’un dangereux virus apparu dans la province de Wuhan, ils décident de détourner toutes leurs recherches dans la perspective de découvrir un vaccin. Ils signent un accord avec Pfizer, s’enferment dans le laboratoire et commencent à travailler.
Le 9 novembre, le résultat de leur travail est devenu l’une des plus belles nouvelles de cette amère année 2020.
N’appelez pas ça un conte de fées, c’est la vraie vie. Derrière ce succès, il n’y a pas de miracle, mais des sacrifices, du dévouement, de la sueur. Certes, cette découverte comporte aussi un volet financier non négligeables pour eux et pour ceux qui l’ont porté à terme. Mais la nouvelle qui a fait tilt dans ma tête est celle qui montre, pas tant les multinationales pharmaceutiques, mais la vie qui nous propose toujours des fruits lumineux issus du fait migratoire. Ces témoignages lumineux que les œillères des xénophobes ne verront jamais. Car, pour cette droite souverainiste aujourd’hui, ils seraient des « envahisseurs » ou des « fardeaux pour l’État ».
Pour nous tous, ce sont un homme et une femme qui ont donné un nouvel espoir à l’humanité.
Rocco Femia, éditeur et journaliste, a fait des études de droit en Italie puis s’est installé en France où il vit depuis 30 ans.
En 2002 a fondé le magazine RADICI qui continue de diriger.
Il a à son actif plusieurs publications et de nombreuses collaborations avec des journaux italiens et français.
Livres écrits : A cœur ouvert (1994 Nouvelle Cité éditions) Cette Italie qui m'en chante (collectif - 2005 EDITALIE ) Au cœur des racines et des hommes (collectif - 2007 EDITALIE). ITALIENS 150 ans d'émigration en France et ailleurs - 2011 EDITALIE). ITALIENS, quand les émigrés c'était nous (collectif 2013 - Mediabook livre+CD).
Il est aussi producteur de nombreux spectacles de musiques et de théâtre.