Les terroristes paient pour leurs crimes, mais c’est une justice qui arrive trop tard. Le réveil a été brutal et amer, on ne peut le nier, un réveil qui a ramené devant nos yeux et dans nos cœurs les années de plomb, les fascistes et les Brigades rouges au travail, y compris les bombes et les mitrailleuses, les attaques de trains et les cadavres sur les trottoirs. Nous avons souvent imaginé pouvoir les effacer, comme si, par miracle, nous ne les avions jamais vécues, mais nous n’aurions jamais pu oublier les morts et les nombreuses tragédies et peurs que nous avons connues. Et voilà qu’aujourd’hui sept anciens terroristes réfugiés en France ont étés arrêtés à Paris, trois autres sont en fuite. Fin de l’hospitalité française en vertu de la « doctrine Mitterrand » qui accordait effectivement le droit d’asile aux personnes accusées ou condamnées, recherchées pour « actes de nature violente, mais d’inspiration politique ». Je ne rappellerai pas ici l’histoire bien connue de Cesare Battisti. La « doctrine Mitterrand », appliquée pendant trop longtemps de manière très généreuse ou distraite, a-t-elle été mise au placard ? Pour Macron, non. Il a expliqué au contraire qu’elle a été respectée : elle ne pouvait pas être valable pour les crimes les plus graves. Responsabilité française. Les extraditions suivront. Disons que « l’affaire est close ». Ou bien qu’elle pourrait être bouclée. Mais je me demande comment les dix Italiens de Paris ont vécu au cours des saisons qui nous séparent de leurs troubles affaires et comment vivent les autres à travers le monde, acteurs d’un échec sanglant. S’interrogeaient-ils sur leur passé, réfléchissaient-ils aux douleurs dont ils sont la cause ? Ou s’ils n’ont jamais été tentés de régler des comptes avec la justice dans un geste spontané de réparation. Voilà, j’aimerais savoir, indépendamment du temps qui passe et de l’obsolescence des terroristes.
Rocco Femia, éditeur et journaliste, a fait des études de droit en Italie puis s’est installé en France où il vit depuis 30 ans.
En 2002 a fondé le magazine RADICI qui continue de diriger.
Il a à son actif plusieurs publications et de nombreuses collaborations avec des journaux italiens et français.
Livres écrits : A cœur ouvert (1994 Nouvelle Cité éditions) Cette Italie qui m'en chante (collectif - 2005 EDITALIE ) Au cœur des racines et des hommes (collectif - 2007 EDITALIE). ITALIENS 150 ans d'émigration en France et ailleurs - 2011 EDITALIE). ITALIENS, quand les émigrés c'était nous (collectif 2013 - Mediabook livre+CD).
Il est aussi producteur de nombreux spectacles de musiques et de théâtre.