Le départ précipité du roi Victor-Emmanuel III pour l’Italie du Sud constitue l’un des épisodes les plus controversés de l’année 1943.
À la fin de l’après-midi du 8 septembre 1943, les responsables du pays se réunirent au palais du Quirinal, alors résidence du roi. La tension y était à son comble. Le matin, les Italiens avaient réaffirmé leur fidélité aux Allemands, mais le général américain Eisenhower venait d’annoncer à la radio la signature de la reddition. Que faire. Désavouer l’armistice, comme le proposaient le général Giacomo Carboni et l’amiral Raffaele De Courten ? Pour le major Enzo Marcheso, il était désormais trop tard. Quant au roi, il se taisait.
Peut-être pensait-il au moment où, le 25 juillet, il avait déclaré, de façon pompeuse, comme à son habitude : « En ce moment solennel dont dépend la destinée de la patrie, que chacun reprenne sa mission de devoir, de foi et de combat. » Or, en ce moment précis, c’était à lui qu’incombait le devoir, c’était à lui de reprendre en main la situation et d’agir avec fermeté. Mais Victor-Emmanuel III n’avait pas l’étoffe de l’homme qui accomplit des actions décisives. Et pas seulement au niveau politique.