Étrange circonstance que celle que l’on peut observer ces jours-ci en Italie.
Les activités commerciales rouvrent pour permettre aux commerçants de respirer après une période d’isolement, les gens affluent pour en profiter et, puisque les corps occupent un espace et que le principe de leur impénétrabilité s’applique, voici la création de rassemblements. Une promiscuité qui est la principale source d’infections, comme cela a déjà été constaté à la rentrée.
Cependant, il est intéressant de noter que la liberté retrouvée, du moins pour ceux qui vivent dans des régions qui sont passées du rouge à l’orange, a poussé la foule à faire du shopping, premier acte collectif donc. Désolant mais bien réel.
Il semblerait finalement que la Covid nous a enlevé, plus que tout, la liberté d’être des consommateurs. Que pouvoir acheter des objets a un effet rassurant et sédatif, sinon le pouvoir de faire taire nos angoisses. C’est toujours pareil. L’énergie libératrice de la fin (provisoire) du confinement, s’est déversée non pas tant dans les espaces urbains du divertissement culturel, mais dans ceux de la consommation pure et dure.
Ce n’est pas un jugement moraliste : il est même compréhensible que les citoyens veuillent reprendre le plus tôt possible possession de la normalité.
Il s’agit de comprendre pourquoi la normalité consiste principalement dans la liberté d’acheter. Car, si on nous dit que le pouvoir d’achat des familles a drastiquement diminué et qu’il y a 5 millions de nouveaux pauvres (en plus des 8 millions de l’ère avant Covid), pourquoi le moment de la liberté de sortir a-t-elle été réservé de façon si massive aux achats ?
C’est juste une réflexion. Cela me rappelle l’époque de la chute du mur de Berlin lorsque les personnes ayant reconquis leur liberté se sont déversées en masse en Occident. Vous rappelez-vous où ils sont allés d’abord ? Dans les supermarchés occidentaux.
Voilà, juste une petite réflexion. L’histoire change mais, visiblement, la foule demeure toujours fidèle à la persuasion consumériste.

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Rocco Femia, éditeur et journaliste, a fait des études de droit en Italie puis s’est installé en France où il vit depuis 30 ans.
En 2002 a fondé le magazine RADICI qui continue de diriger.
Il a à son actif plusieurs publications et de nombreuses collaborations avec des journaux italiens et français.
Livres écrits : A cœur ouvert (1994 Nouvelle Cité éditions) Cette Italie qui m'en chante (collectif - 2005 EDITALIE ) Au cœur des racines et des hommes (collectif - 2007 EDITALIE). ITALIENS 150 ans d'émigration en France et ailleurs - 2011 EDITALIE). ITALIENS, quand les émigrés c'était nous (collectif 2013 - Mediabook livre+CD).
Il est aussi producteur de nombreux spectacles de musiques et de théâtre.