© GRRRANIT SN – Claire GIRAUDEAU

Gageons que vous ne connaissez pas encore le quartier de Rome que vous apercevez en couverture, celui de la Garbatella… Je suis presque certain de gagner le pari, non pas parce que je n’ai pas confiance en vos connaissances ou que je vous pense peu intéressés par l’Italie, mais parce qu’il s’agit d’un quartier que les voyageurs délaissent quand ils visitent une ville aussi étendue et importante que Rome. Pourtant, la Garbatella, avec ses rues à sens unique et sans feux de signalisation, et son architecture si particulière, mérite le détour. Elle n’a pas accueilli les empereurs romains ni les papes comme la Rome plus connue, mais elle est une véritable tentative d’architecture urbaine originale : les lotti, les lots, ainsi que l’on appelle les maisons à deux étages de la Garbatella, sont un exemple réussi d’habitations à loyers modérés. Nés il y a un siècle, ils vous feront croire que vous êtes dans un petit village, alors que vous vous trouvez en réalité à quelques pas du centre historique de la Ville éternelle. Et on sait que plus on s’éloigne du centre de Rome, plus on a de chance d’entrer dans cette romanité que l’on ne trouve dans aucun guide touristique. Je ne vous dis rien de plus, la lecture de l’article d’Asia Buconi vous fera découvrir une Rome qui est non seulement la plus belle ville du monde, mais aussi un village à taille humaine.

Depuis la Garbatella, nous vous emmenons ensuite, en compagnie de Nadine Picaudou, dans le quartier qui fut au cœur de la peinture du Caravage et au croisement d’écoles d’art qui ont influencé l’Europe entière. Il s’agit du Pincio, le quartier des peintres dans la Rome du XVIe siècle. Un quartier éloigné des hauts lieux de la ville antique et du Vatican, du Panthéon, de la place Navone, un quartier lui aussi plus secret au nord de la ville, entre la Piazza del Popolo et la Piazza di Spagna, riche d’art et d’histoire. 

Vous savez qu’à RADICI, le voyage est une passion, et nous pouvons d’ailleurs voir notre existence comme un long chemin, une route qui permet de traverser plusieurs mondes, plusieurs âges, expériences, joies et douleurs. Et dans le fait de voyager, rappelons-nous toujours que ce qui compte, c’est le voyage et non la destination. Avec Matteo Liberti, le voyage ne s’arrête pas là. Parmi les rencontres proposées dans ce numéro, il y a celle avec le roi des voyageurs : Marco Polo. Héritier d’une riche famille de marchands vénitiens et prisonnier des Génois à la fin du XIIIe siècle, il dicta à son compagnon de cellule l’écrivain Rusticien de Pise le récit de son voyage qui connaîtra la postérité sous les noms de Devisement du monde, Livre des merveilles ou Milione. À 700 ans de sa mort et 770 de sa naissance, Venise célèbre cette année l’un de ses plus grands citoyens. Nous parcourons ici brièvement sa vie.

À l’approche du renouvellement du Parlement européen, Lorenzo Tosa revient sur un moment important de l’histoire italienne intimement lié à la construction de l’Europe. Il y a 83 ans, Altiero Spinelli et Ernesto Rossi ont écrit le Manifeste de Ventotene au titre précurseur « Pour une Europe libre et unie », publié par Eugenio Colorni. Ils l’ont écrit en imaginant une Europe, comme l’écrit Lorenzo Tosa, « dans laquelle on se sentirait avant tout des citoyens européens, et seulement après des Italiens, des Français, des Allemands, des Hongrois, des Belges ». 83 années se sont écoulées et l’Europe a été faite. Il est peut-être temps maintenant de faire les Européens.

Dans ce numéro, vous pourrez aussi lire un entretien entre l’acteur Toni Servillo et la journaliste Chiara Oltolini à l’occasion de la sortie dans les salles italiennes de Caracas, de Marco D’Amore. Un film passionnant qui parle de Naples et est inspiré du roman Napoli Ferrovia d’Ermanno Rea.

Philippe Foroarrive quant à lui à son septième rendez-vous avec l’Histoire de l’Italie avant l’Unité. La première moitié du XVIe siècle est marquée par les guerres d’Italie et leurs conséquences. Pendant environ soixante ans, la péninsule italienne a été le théâtre d’affrontements entre les grandes puissances internationales ­– les royaumes de France et d’Espagne, le Saint-Empire romain et les cantons suisses – et les États italiens, comme le royaume de Naples, les États pontificaux, le Duché de Milan et les Républiques de Venise, Gênes ou Florence.  

Enfin, il y a trente ans, à mon arrivée en France, parmi les nombreuses choses que l’on m’a dites à propos de l’Hexagone, il y en a une qui a immédiatement attiré mon attention. L’interlocuteur que j’avais en face de moi m’a rapporté une phrase attribuée au général De Gaulle qui disait : « Comment peut-on gouverner un pays dans lequel il y a 246 variétés de fromages ?  Avec cette boutade, l’homme qui lança l’appel du 18 juin entra dans le vif de l’identité régionale et même communale du pays. Encore aujourd’hui la France devance de peu l’Italie en termes de nombre d’appellations, 54 contre 53, mais certains fromages italiens sont parmi les plus appréciés au monde, comme le Parmesan, le Gorgonzola, la Burrata, ou encore le Pecorino. Pour en apprendre davantage, délectez-vous de l’article d’Alessandra Pierini. 

Ci ritroviamo a luglio per il doppio numero d’estate!

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Rocco Femia, éditeur et journaliste, a fait des études de droit en Italie puis s’est installé en France où il vit depuis 30 ans.
En 2002 a fondé le magazine RADICI qui continue de diriger.
Il a à son actif plusieurs publications et de nombreuses collaborations avec des journaux italiens et français.
Livres écrits : A cœur ouvert (1994 Nouvelle Cité éditions) Cette Italie qui m'en chante (collectif - 2005 EDITALIE ) Au cœur des racines et des hommes (collectif - 2007 EDITALIE). ITALIENS 150 ans d'émigration en France et ailleurs - 2011 EDITALIE). ITALIENS, quand les émigrés c'était nous (collectif 2013 - Mediabook livre+CD).
Il est aussi producteur de nombreux spectacles de musiques et de théâtre.