Mimmo Gangemi

LA REVANCHE DU PETIT JUGE

Traduction C. Mileschi
Seuil Policiers / 352 p. / 21,50 €

La Calabre, de nos jours. Giorgio Maremmi, substitut du procureur, est assassiné peu après qu’un prévenu l’a menacé de mort en plein prétoire. Son collègue Alberto Lenzi, dit « le petit juge », décide de le venger. Peu connu pour son ardeur au travail, Lenzi se révèle un enquêteur tenace. Son principal indicateur, don Mico Rota, boss local de la ‘Ndrangheta, est emprisonné à vie mais rien ne lui échappe. Il s’exprime curieusement, par le truchement de symboles obscurs et de paraboles colorées, mais pour qui sait entendre entre les lignes… Lenzi le peut, apparemment, et, mettant sa carrière en péril, il s’acharne à faire la lumière sur un scandale qui dépasse de loin la criminalité mafieuse habituelle. Violent, noir, mais pittoresque et plein d’humour.


Walter Siti

LA CONTAGION

Traduction F. Antoine
Éditions Verdier / 336 p. / 24 €

Dans un HLM, au cœur des borgate de Rome, les quartiers périphériques, vivent Chiara et son mari Marcello, ancien bodybuilder entre deux sexes, Francesca, handicapée militante, Bruno supporter de la Roma aux arrêts domiciliaires, Gianfranco, dealer qui veut s’élever, Eugenio, dit la Toupie, qui travaille dans un atelier et est amoureux de sa colocataire, prostituée. Les borgate sont le laboratoire des transformations les plus profondes de la société italienne, et, plus largement, européenne : on y assiste à la contagion des modes de vie qui rend toute division de la société en classes à la fois simpliste et aveugle. Roman baroque excessif, destructeur, provocateur, La Contagion est une nef des fous, un volcan d’énergies qui fait ruisseler sur ses pentes, les styles et les genres, les vies et les langues.


Cesare Pavese

SALUT MASINO

Traduction N. Franck
Gallimard / 240 p. / 7,90 €

Écrit en 1926, c’est le premier récit qu’ait composé Cesare Pavese et qui fut trouvé parmi ses papiers au lendemain de sa mort. On y suit, par récits alternés, les destins de Masino, jeune journaliste à la recherche de lui-même, et de Masin, ancien mécano chez Fiat, qui s’exile dans les Langhe chères à Pavese, pour en revenir mué en mari bientôt homicide. Pourquoi ces vies parallèles, sortes de petits voyages au bout de la nuit, scandés par des poèmes ? À travers Masino comme à travers Masin, Pavese s’avoue et se révèle, dans sa faiblesse et sa candeur, mais s’affirme aussi dans un humour du plus beau noir. Première parution en 1973.


Dario Fo

LA FILLE DU PAPE

Traduction C. Paul
Grasset / 288 p. / 19 €

Fille d’un pape, trois fois mariée au gré des alliances politiques changeantes du clan Borgia, mère d’un enfant illégitime dont le père est retrouvé dans les eaux du Tibre, Lucrèce Borgia a pendant de longs siècles été considérée comme un personnage sulfureux, et l’incarnation du vice et de la débauche. Ce roman nous la révèle pour ce qu’elle était véritablement : la victime des agissements des siens, un pion entre les mains de son frère, César, et du plus corrompu des pontifes, son père, Alexandre VI. Une femme cultivée, protectrice des arts et des lettres, sensible et réfléchie, et dont l’humanité a fini par avoir raison des rumeurs les plus folles. Dans un tourbillon qui nous emporte au cœur de l’Histoire, Dario Fo (Prix Nobel de littérature en 1997) fait renaître avec talent et finesse la Renaissance, période autant marquée par l’épanouissement des arts que par les intrigues les plus scabreuses et les assassinats politiques.


Milo Manara

LE CARAVAGE
LA PALETTE ET L’ÉPÉE

Glénat Bande dessinée / 48 p. / 14,95 €

Automne 1592. Michelangelo da Caravaggio dit « Le Caravage » débarque à Rome. Il puise son inspiration dans l’âme de la ville éternelle, entre grandeur et décadence, et auprès des personnages hauts en couleur qu’il y rencontre. Rapidement admiré pour son talent, il sera toutefois souvent critiqué pour ses partis pris artistiques, notamment sur ses sujets religieux – il prendra ainsi pour modèle de sa Mort de la Vierge une prostituée. Une réputation aggravée par le penchant du peintre pour la violence et sa participation à de fréquentes et vives échauffourées. Milo Manara, maître de la bande dessinée historique, publie ici le tome 1 de son travail consacré au Caravage et à l’Italie du Cinquecento.


Emilio Lussu

LES HOMMES CONTRE
UN AN SUR L’ALTIPIANO

Traduction E. Genevois et J. Monfort
Arléa / 320 p. / 11 €

L’auteur raconte ici l’année 1916-1917 sur le front situé entre l’Italie et l’Empire austro-hongrois. Les Alpes du Trentin y forment le décor d’un théâtre absurde et cruel. À travers une série d’instantanés du front vu par un narrateur sceptique et impuissant, défile un cortège d’officiers et de soldats qui se débattent dans les mâchoires d’acier de la Grande Guerre. Une fresque humaniste et pacifiste. Publié en Italie en 1938, adapté au cinéma par Francesco Rosi en 1970, Les Hommes contre est l’un des grands textes sur la Première Guerre mondiale.