Tandis que l’année 1968 bouleversait le monde, au large de Rimini, au milieu de la mer, surgissait l’île des roses.
Un rêve d’émancipation, une utopie à la sauce romagnole ? L’Île des roses fut certainement une curieuse expérience politique, sociale et culturelle. Au cours de l’été 1968, Giorgio Rosa, un ingénieur excentrique originaire de Bologne, inaugura une structure de tôle et de ciment située dans les eaux internationales, à quelque 11 kilomètres de la côte romagnole. La plateforme devait être, dans ses intentions, une micro-nation avec son président, ses ministères, sa langue autonome (l’esperanto) et son hymne national (Le Vaisseau fantôme de Richard Wagner). Ses dimensions étaient relativement limitées : environ 400 mètres carrés. En pratique, la superficie d’un hôtel, d’une banque, d’un bar et d’un quai pour les bateaux. Pourtant, l’Insulo de la rozoj, comme on l’appelait en esperanto, parvint tout un été durant à tenir tête au monde entier.