Les chiffres ne disent pas tout, loin de là, mais, cette fois, l’Istat, institut italien des statistiques, a mis en évidence une réalité dont nous nous étions tous déjà rendu compte, à savoir que les inégalités ont augmenté. Les riches sont plus riches, les pauvres plus pauvres. Déjà, dans son poème intitulé La Statistica, le poète romain Trilussa (1871-1950) expliquait que « d’après les statistiques actuelles, il apparaît qu’à toi revient un poulet par an » (« seconno le statistiche d’adesso risurta che te tocca un pollo all’anno »), mais certaines personnes n’en voient pas la couleur tandis que d’autres en mangent deux ou trois. À nombre de poulets constant, ceux qui en avaient déjà deux en ont maintenant trois, tandis que ceux qui, bon an, mal an, n’en avaient qu’un, n’ont désormais plus rien.
Depuis un certain temps, les Italiens se doutent bien de cette évolution, au vu de toutes ces grosses voitures, de tous ces yachts amarrés, de ces villas somptueuses, de ces fêtes de mille et une nuits racontées dans les revues People, alors que, de l’autre côté, la crise ne fait que s’aggraver et le chômage augmenter, les économies fondent comme neige au soleil, et les colonnes des faits divers se remplissent de grandes tragédies, de faillites et de suicides.