À la rencontre des Italiens qui, dès la Renaissance, ont apporté à la capitale rhodanienne leur artisanat et leurs savoir-faire. Comment ont-il progressivement trouvé leur place dans la ville ? Quelle mémoire ont-ils laissée ?
Lyon et l’Italie ont un long passé commun : dès la Renaissance, la ville a entretenu des relations commerciales étroites avec certaines cités de la Péninsule telles Florence ou Lucques, et ce sont deux Piémontais, Étienne Turquet et Bartolomeo Naris, qui, en 1536, ont introduit la soierie à Lyon, en recrutant pour cela des ouvriers génois. Ainsi est née la « Fabrique » qui a dominé la ville pendant plusieurs siècles et nécessité une main-d’œuvre toujours plus nombreuse, recrutée jusqu’au-delà des Alpes, au point qu’au XVIIIe siècle, le gouvernement piémontais publia plusieurs édits visant à bloquer l’émigration de ses ouvriers et ouvrières en soie attirés par les salaires lyonnais. Au début du XIXe siècle, ils ne sont plus les seuls à venir proposer leur force de travail car de petites chaînes migratoires ont déjà commencé à se dessiner entre le nord du Piémont et la capitale rhodanienne.
Des paysans, pratiquant la plupart du temps une agriculture de montagne, rejoignent Lyon une partie de l’année pour proposer leurs savoir-faire artisanaux et rapporter chez eux un complément de revenu indispensable à la survie de leur exploitation : des plâtriers-peintres de la Valsesia et des paveurs du Val d’Elvo viennent, par exemple, à la belle saison. Ils sont rejoints par des étameurs du Val d’Ossola et des cordonniers de la province de Turin. Au cours du XIXe siècle, ces filières prennent de la consistance, se diversifient, et de petits foyers d’émigration naissent au-delà du Piémont : musiciens ambulants et montreurs d’animaux des duchés de Parme ou de Modène, mosaïstes du Frioul, fabricants de chapeaux de paille des environs de Florence. Il s’agit, la plupart du temps, de petites communautés professionnelles très soudées, alimentées par quelques villages d’une même province.