Je l’ai déjà écrit dans un précédent post. Ceux qui lient le succès du lepénisme aux attaques de Paris, se trompent. Au contraire, il s’agit la d’un « non » radical à la politique traditionnelle, comme du reste est en train d’arriver en Italie aussi. Une analogie entre Italie et France qui concerne, avant tout, la donnée commune de l’abstentionnisme. Aujourd’hui, au-delà des Alpes, sont bien plus nombreux les citoyens qui ne vont pas voter de ceux qui se rendent aux urnes. De cela personne ne parle car il s’agit de la preuve de la grande défaite du modèle démocratique qui est aujourd’hui proposé. Un phénomène qui est loin d’être un signe de maturité démocratique.
En France comme en Italie, l’abstention est surtout protestation : ce qu’on conteste c’est l’occupation « partitocrate » de la démocratie. Tant que cela ne sera pas compris, nous serons toujours dans cette impasse en tachant de limiter les dégâts que le consensus vers les extrémismes politiques engendre : en France avec le FN et en Italie avec la Ligue du Nord.
Ce matin un observateur politique, à mon avis peu attentif, sur le quotidien le Monde a tenté de comparer le FN au M5S qui au contraire a drainé une partie consistante de ces « non » en leur donnant représentation dans les institutions parlementaires et dans les administrations locales. Un grand mérite et pas des moindre. Les deux mouvements n’ont rien en commune (heureusement pour nous), mais les deux subissent la même « conventio ad excludendum » de la part des autres partis, comme si leurs votes étaient de série B. En effet, dans quelques heures nous apprendrons qu’à cause ou grâce à l’ »union sacrée » entre socialistes et centre-droite, le FN a été battu. Je ne pense pas une seule seconde que cette victoire c’est une mauvaise nouvelle… au contraire. Mais les partisan de l’ »esprit soi-disant républicain » exulteront pour une victoire sans tenir compte que de cette manière ils coupent la branche sur laquelle se sont assis. Comprimer chaque fois la volonté populaire, même celle que nous ne partageons pas (et Dieu sait si je déteste la politique du Front National), avec un expédient électoral qui rapproche chiens et chats, ne fera que renforcer dans les citoyens français le germe de la protestation et l’image d’un vieux régime intéressé uniquement, par tous les moyens, à s’auto conserver.
C’est pour toutes ses raisons que je suis convaincu que le lepénisme faudrait le mettre à la preuve dans quelque gouvernement local. À la tante et à sa petite nièce je leur dirai : « Faites-nous voir ce dont vous êtes capables ». La seule manière aujourd’hui pour démanteler leur bavardage et basse démagogie. Et le bluff serait découvert une fois pour toutes.
Rocco Femia, éditeur et journaliste, a fait des études de droit en Italie puis s’est installé en France où il vit depuis 30 ans.
En 2002 a fondé le magazine RADICI qui continue de diriger.
Il a à son actif plusieurs publications et de nombreuses collaborations avec des journaux italiens et français.
Livres écrits : A cœur ouvert (1994 Nouvelle Cité éditions) Cette Italie qui m'en chante (collectif - 2005 EDITALIE ) Au cœur des racines et des hommes (collectif - 2007 EDITALIE). ITALIENS 150 ans d'émigration en France et ailleurs - 2011 EDITALIE). ITALIENS, quand les émigrés c'était nous (collectif 2013 - Mediabook livre+CD).
Il est aussi producteur de nombreux spectacles de musiques et de théâtre.