Les enfants, les parents, les grands-pères étaient réunis tandis que la grand-mère s’affairait autour du fourneau. Un jour de fête, à l’heure du repas.
Il fallait encore attendre avant que les pâtes ne soient versées dans l’assiette, alors on coupait le morceau de croûte en forme de bosse qui s’était formé sur la miche de pain et on versait, au dessus, chaude et rouge, une cuillérée de sauce tomate. Tel était le rituel de l’attente, celui qui, ensuite, plus banalement, a pris le nom de bruschetta. C’est l’une des nombreuses petites cérémonies qui ont accompagné, au cours des siècles, la consommation du pain, aliment par excellence de toutes les cultures occidentales. À respecter et à vénérer. Les mères, jusqu’à il y a quelques années encore, apprenaient à leurs enfants à embrasser le pain tombé par terre, et les pères réprimandaient ceux qui, à table, jouaient avec la mie. De nombreux boulangers, pieux, font encore sur le pain une entaille en forme de croix, tandis que les juifs, avant la cuisson, jettent dans le four une petite boule de pâte pour que le premier morceau soit offert à Dieu. Et, comme le disait Saint Augustin aux fidèles rassemblés pour l’assemblée eucharistique : « Ce pain raconte votre histoire ». Hier, comme aujourd’hui, en Italie et ailleurs. L’expression pane e acqua raconte la pauvreté du XIXe siècle, quand on n’avait pour toute nourriture que du pain, des oignons, du fromage, des tomates et des haricots. Au début du XXe siècle, le pain des pauvres était noir, parfois accompagné de pommes de terre, de fèves ou de pois chiches tandis que les riches mangeaient du pain blanc, grâce à l’utilisation de nouveaux moulins à cylindre d’acier. Les années de la Seconde Guerre mondiale furent des années de pain noir pour tous : les femmes, restées à la maison, nourrissaient leurs enfants en pétrissant de la farine de son, de seigle et de châtaignes, pour remplacer le froment devenu trop couteux. Du pain plus sombre, plus humble, mais du pain.
Biagio Picardi
Nato a Lagonegro, un paesino della Basilicata, e laureato in Scienze della Comunicazione, vive a Milano. Oltre che per Radici attualmente scrive per Focus Storia e per TeleSette e realizza gli speciali biografici Gli Album di Grand Hotel. In precedenza è stato, tra gli altri, caporedattore delle riviste Vero, Stop ed Eurocalcio e ha scritto anche per Playboy e Maxim. Nella sua carriera ha intervistato in esclusiva personaggi come Giulio Andreotti, Alda Merini, Marcello Lippi, Giorgio Bocca e Steve McCurry.