À l’occasion de sa participation au Marathon des Mots à Toulouse, Catherine Allégret nous a fait le plaisir de partager avec nous sa découverte du livre Pour vous mes enfants de Maria Boselli Rivoltella, édité par notre maison d’édition. Un hommage à la littérature d’émigration et à l’Italie qu’elle porte, bien enracinée dans son cœur.
J’ai mis un peu de temps avant d’oser me plonger dans le livre de Maria Boselli Rivoltella, tant la photo de la couverture m’évoquait mes grands-parents…
En fait, pas une goutte de sang italien ne coule dans mes veines, car ces « grands-parents » là sont les parents d’Yves Montand (mon père adoptif), mais c’est cette famille qui m’a élevée et qui a fait de moi une Italienne de cœur, des racines me poussant aux pieds chaque fois que je foule le sol de ce beau pays.
J’ai donc commencé par regarder les photos qui ressemblent tant à celles entr’aperçues chez Beppina et Giovanni Livi durant mon enfance à Marseille.
Enfin, surmontant la vague d’émotion qui m’a submergée, je me suis jetée dans le tourbillon houleux de ce récit.
Certes, il n’y a dans mon imagerie familiale ni détour par le Brésil – même si j’ai souvent entendu Montand dire que si son père avait pris le bon bateau, il serait né à New York et pas à Marseille en 1921 –, ni non plus de récits de la bataille de Caporetto (si bien décrite par Alessandro Baricco dans Cette histoire-là), pas plus que d’évasion du camp de Mauthausen, pas non plus de grand-père avare…
Ce que toutes ces familles d’émigrés ont en commun, c’est la misère, la vraie, la faim et la solidarité.
La vie de Maria, au sortir d’une enfance misérable, peut justifier à elle seule l’apparition du féminisme : pauvre Maria, inféodée à l’autorité d’un frère despote et alcoolique, après la disparition d’un père tellement aimé, et mariée de force à dix-neuf ans à un quasi inconnu et précipitée dans une vaste famille au milieu de quatorze personnes aux résonances ayatollesques…
Je m’étonne cependant qu’elle n’évoque pas davantage ses premières années de mariage et la venue de ses deux premières filles. Sans doute faut-il y voir l’expression de l’extrême pudeur des femmes de son époque.
Au fil de son récit, son mari s’humanise et nous révèle sa généreuse nature !
Enfin je peux sourire à l’intervention divine et salvatrice de Saint-Antoine sous les traits de Jeanne Gorce et de Benjamin… Mais quelle vie ! Mamma mia ! Comment résister à tant d’épreuves ? Il me semble que c’est l’amour qui a fait le reste. L’amour avec un grand A. Car, au fond, qu’est-ce qui a tenu Maria en vie si ce n’est l’amour ? Celui qu’elle a porté à son père, à sa mère et à sa sœur. Celui qui, vaille que vaille, l’a unie pendant 50 ans à un homme qui à su finalement se montrer si courageux et si bon avec elle. Enfin, pour finir, voire pour commencer, l’amour qu’elle a porté à ses chers enfants.
La morale de l’histoire ne serait-elle pas qu’il est donc plus important de donner que de recevoir ? Nul ne saurait le dire… Mais, grazie a te, chère Maria, chère « aïeule littéraire », pour ces belles pages d’amour.
Quelle fierté d’être ta voix au Marathon des Mots de Toulouse.