Entretien avec Furio Colombo. L’analyse de l’écrivain et journaliste italien est sans appel. Nous devons nous réemparer de la vérité contre le mensonge et l’intolérance de ceux qui ont renoncé à être humains.
Furio Colombo, l’Italie est-elle un pays raciste ?
J’ai envie de dire oui, sans aucun doute, et très lourdement. Mais les réponses aux questions de ce genre doivent être argumentées. Oui, parce qu’à chaque fois que l’on enregistre des épisodes racistes, il y a toujours un « nous, nous ne sommes pas racistes » qui suit. La vie aux États-Unis m’a habitué au fait que ce serait la première réponse du Ku Klux Klan, qui ajouterait une autre phrase : « L’ordre des choses nous demande de… ». Chez nous, on dit : « On n’est pas racistes, mais on n’en peut plus. » Il est évident que la seconde partie de la phrase est fausse, parce que nous sommes un peuple de 60 millions d’habitants qui compte un peu plus de 500 000 migrants irréguliers. Cela veut dire que personne n’est en train de nous envahir. Une très grande partie de ceux qui organisent des protestations mentent sur le second point, et par conséquent aussi sur le premier. Un exemple de racisme italien concerne les Roms : on parle de 170 000 individus, presque tous citoyens italiens, à l’exception de 10 à 15 %. Pourtant, les protestations sont immédiates dans les quartiers où leur présence se profile et deviennent assez rapidement violentes.