2-3 février 2019

À l’occasion de la sortie de son dernier film en date, Les Estivants, retour sur la carrière de réalisatrice de Valeria Bruni Tedeschi : trois longs métrages éclatants et uniques, un téléfilm rappelant ses premières amours théâtrales (Les Trois sœurs, d’après Tchekhov), ainsi que le documentaire Une jeune fille de 90 ans, qu’elle codirige avec Yann Coridian, une bouleversante ode à la vie.

Révélée comme égérie de la folie ordinaire dans Les Gens normaux n’ont rien d’exceptionnel de Laurence Ferreira Barbosa (César du meilleur espoir féminin en 1994), Valeria Bruni Tedeschi devient l’héroïne fantasque de l’impétuosité. Elle incarne, entre autres, la femme ondoyante des films de Mimmo Calopresti, la beauté explosive aux yeux bleus de Patrice Chéreau (Ceux qui m’aiment prendront le train), la maternité anxiogène de La vie ne me fait pas peur de Noémie Lvovsky ou le rire hystérique de la bourgeoisie décadente de Bruno Dumont (Ma loute). Issue de la troupe de l’école des Amandiers auprès de Patrice Chéreau et Pierre Romans, elle possède au théâtre un répertoire allant de Molière à Natalia Ginzburg et Fassbinder, incarnant encore récemment une Petra von Kant volcanique dans une mise en scène de Thierry de Peretti.

Mais c’est en tant que réalisatrice, à partir du début des années 2000, que Valeria Bruni Tedeschi déploie pleinement la richesse de ses obsessions. Elle réinvente, à sa démesure, une dialectique entre la manière fictionnelle et la matière autobiographique. Protagoniste de ses propres films, elle étend la gamme de son jeu pour un cinéma qui gambade avec le vrai sans craindre l’imaginaire, aussi cocasse et déchirant soit-il.

  • La Cinémathèque française
  • 51 Rue de Bercy – 75012 Paris

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