Dans le théâtre ancien classique le proscenium était la partie antérieure de la scène qui donnait sur l’orchestre; dans le théâtre moderne, en manquant l’orchestre, le proscenium se penche directement vers la salle. L’avant-scène était donc, et il est encore, l’espace sur lequel les acteurs récitent la partie qui leur est assignée par le scénario: destinée à la vision et à l’écoute des spectateurs. Par contre, ce qui se passe derrière les coulisses, personne du public ne peut le savoir: il peut l’imaginer ou le deviner, mais rien de plus.

L’avant-scène politique est ni plus ni moins qu’une représentation théâtrale. Ces jours-ci en Italie est proposé un spectacle, donné sur scène, auquel tous peuvent assister. Mais il a une particularité par rapport au théâtre classique : chaque soir le spectacle est nouveau, surprenant, différent. Le scénario est seulement un canevas sans importance, parce que les acteurs jouent, comme dirait Pirandello, « a soggetto » en improvisant.

Alors tant que faire, essayons de raisonner, sur la représentation teatral-politique qui est à l’affiche aujourd’hui. Représentation qui est autre chose, bien evidémment, que celle d’hier et d’avant-hier, et il ne faut pas posséder des vertus divinatoires pour prévoir qu’elle sera différente de celle de demain.

Sur l’avant-scène voici des nouveaux sujets politiques. Donadi, ancien IdV (Italia dei Valori) annonce la naissance du partis « Diritti e Libertà. » Le Maire de Naples De Magistris (ancien magistrat), avec Antonio Ingroia (Magistrat sicilien), annonce la naissance du « Movimento Arancione » (Mouvement orange). De l’autre côté La Russa et Gasparri, anciens An (Alleanza nazionale) et anciens Pdl (popolo della Libertà) pre-annoncent, après un rendez-vous programmé pour dimanche 16 décembre, la naissance d’un éventuel nouveau sujet « Centrodestra nazionale » (Centre-droit national). Peu de doutes que l’initiative de Luca Cordero diMontezemolo (patron de Ferrari), avec le syndicat Cisl et Acli (Azione Cattolica Lavoratori Italiani) et d’autres protagonistes, puisse aboutir sûrement en la formation d’une nouvelle formation politique centriste. Sans exclure qu’après la dissolution du Parlement, Mario Monti même pourrait décider d’entrer dans l’arène avec sa propre liste.

Il n’y a pas de quoi se réjouir de cette prolifération de nouveaux partis. La fragmentation n’a jamais fait du bien à la stabilité gouvernementale, surtout dans ce moment dramatique de la vie politico-économique-sociale du Pays. Un pays où les familles, les jeunes, les entreprises vivant sur leur peau les graves difficultés provoquées par la crise, voudraient mettre leur espoir sur un projet de gouvernement solide et capable de garantir de la fiabilité.

Dans ce contexte, sur l’avant-scène et derrière les coulisses, qui s’est que l’on voit ? Encore lui, Berlusconi. Et tous en Italie et à l’étranger se posent la même question : mais qu’est-ce qu’il fera réellement ? Ne nous le demandez pas. Nous en savons pas plus. Même pas une interprétation new age du corpus mythologique des Mayas ou de Nostradamus réussirait à nous aider.

La dernière affirmation est d’hier: « Si Monti se porte candidat je fais un pas en arrière. » À la condition cependant que Monti pose la candidature en tant que leader d’une ample coalition du pôle des modérés et du centre droite, qui inclue Pdl et Ligue du Nord.

Sur l’avant-scène il y a tout de même une bonne nouvelle. Le Pd (Partis Démocratique) annonce qu’il fera les primaires pour le choix des candidats au Parlement, et il indique aussi les dates du déroulement des consultations. Voilà une idée pour éliminer l’affreux défaut de cette vitupérée loi électorale que les partis n’ont pas voulu changer avec les listes bloquées, et avec les parlementaires nommés par les secrétaireries centrales des partis. Et si les autres partis suivaient l’exemple ? L’appel nous le tournons surtout au Pdl et à l’Udc. Le « Mouvement 5 Stelle » de Grillo, qui voyage à grande vitesse dans les sondages, il en a pas besoin. Déjà faites online, même si avec très peu de monde et sans aucune possibilité de vérification objective. Pour la série: « qui n’accepte pas les règles, dehors ». C’est ça qu’est devenue la démocratie en Italie. Le petit théâtre de la politique continue… à suivre

 

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Rocco Femia, éditeur et journaliste, a fait des études de droit en Italie puis s’est installé en France où il vit depuis 30 ans.
En 2002 a fondé le magazine RADICI qui continue de diriger.
Il a à son actif plusieurs publications et de nombreuses collaborations avec des journaux italiens et français.
Livres écrits : A cœur ouvert (1994 Nouvelle Cité éditions) Cette Italie qui m'en chante (collectif - 2005 EDITALIE ) Au cœur des racines et des hommes (collectif - 2007 EDITALIE). ITALIENS 150 ans d'émigration en France et ailleurs - 2011 EDITALIE). ITALIENS, quand les émigrés c'était nous (collectif 2013 - Mediabook livre+CD).
Il est aussi producteur de nombreux spectacles de musiques et de théâtre.