Ni grands livres sur la beauté des paysages italiens ni même une revue comme la nôtre ne sont déterminants. La beauté de l’Italie s’impose d’elle-même, et encore davantage si on lui rend visite en personne. Et il suffit de peu pour en tomber amoureux. Par exemple, un séjour autour des grands lacs italiens, surtout quand celui qui regarde est capable de passer de l’égo à l’émerveillement. Visiter et valoriser un territoire signifie se mettre à l’écoute de la vocation et de l’histoire de ce lieu, sans trop en ajouter ni rien détruire. C’est là le secret : décider d’être toujours plus voyageur et toujours moins touriste. Tiziano Malpelli et Marta Ghelma nous aident à découvrir l’âme des lacs et leur capacité demeurée intacte, aujourd’hui comme hier, de nous offrir des vacances régénérantes en cherchant à être en symbiose avec le territoire que l’on visite. Parce que seule l’empathie avec les lieux permet cette expérience que le biologiste Gilles Clément appelle l’« écologie humaniste », qui raconte sans trop de mots comment notre planète est en réalité un unique, grand jardin dans lequel l’homme vit mieux s’il joue le rôle du jardinier que celui du touriste adepte du jetable. C’est la seule façon de s’entraîner à l’étonnement dont nous avons absolument besoin en cette période et que nous portons (souvent sans le savoir) à l’intérieur de nous. Un séjour autour des grands lacs du nord de l’Italie a aussi et surtout cet objectif.
Deuxième rendez-vous, avec la Constitution italienne, texte qui fête cette année son soixante-quinzième anniversaire. Lorenzo Tosa nous parle cette fois du rôle de Piero Calamandrei. Pourquoi lui ? Simplement parce qu’il est, peut-être, dans le débat politico-institutionnel italien actuel, l’auteur le plus cité, mais en même temps le moins écouté. Son discours sur la Constitution est l’un des textes fondateurs de l’Italie libre. Lorenzo Tosa rappelle dans son article que « l’Italie a encore quelque chose à dire ». Oui, le vent de liberté peut nous permettre de continuer à respirer, d’imaginer un avenir différent, un avenir simplement, profondément humain. C’est ce que nous cherchons toujours à faire avec RADICI. Et par la voix de Piero Calamandrei nous crions nous aussi : vive la Constitution italienne.
Asia Buconi, dans son Primo piano, met en perspective deux femmes italiennes de pouvoir. La présidente du Conseil Giorgia Meloni, première femme à la tête d’un gouvernement en Italie, et la nouvelle secrétaire du Partito Democratico, Elly Schlein, également première femme à diriger le plus grand parti d’opposition. Deux histoires, politiquement parlant, aux antipodes l’une de l’autre ; mais toutes deux confrontées aux faits qui sont le véritable sens de la vie politique. Pour chacune, un défi sur des contenus que tout sépare.
Nous poursuivons avec un nouveau chapitre de l’histoire de l’Italie. Philippe Foro nous accompagne cette fois à la découverte de l’Italie byzantine, preuve que l’histoire est, dans le cas particulier de ces premiers chapitres, avant tout une histoire d’adaptations, de changements, d’évolutions, et que nous devons être capables de faire tomber de nombreux préjugés et idées préconçues. Connaître l’histoire aide à comprendre notre présent. C’est l’objectif de cette nouvelle rubrique.
L’article de Giampiero Falasca sur les nouveautés dans le langage de genre est à la fois riche et insolite. L’Accademia della Crusca (Institution qui rassemble depuis le XVIe siècle savants et chercheurs en linguistique et philologie de la langue italienne), a fourni des indications articulées en la matière. Une langue évolue avec son temps et grâce à son époque.
Dans son article, Fabio Montermini se penche sur les dialectes italiens. Saviez-vous qu’il y en a plus de mille ? L’Italie est le pays des langues locales, mais aussi un monde merveilleux de minorités linguistiques qui convergent entre elles. Je voudrais rappeler ici que l’Italie a construit son unification politique non pas tant par des processus d’agrégation que de conquêtes et d’annexion, provoquant ainsi une substantielle cristallisation des différences au détriment de l’harmonisation linguistique, qui ne fut initiée qu’avec l’essor de la télévision et la diffusion de l’alphabétisation systématique.
Claude Nori, photographe et éditeur d’origine italienne, nous invite, à travers ses souvenirs d’enfance, à un voyage personnel dans l’histoire de sa famille arrivée à Toulouse dans les années 1960, après avoir quitté les provinces de Vérone et de Vicence. Dans ce texte, qui figure à la rubrique « émigration », l’auteur nous partage son amour inconditionnel pour la cuisine de ses parents et les pâtes en particulier, ses références artistiques, des anecdotes, en bref sa passion pour l’Italie.
Canzoni in cucina est le nouvel article culinaire d’Alessandra Pierini. Un titre qui éveille la curiosité. Personnellement, j’ai toujours pensé que si l’on organisait un festival de la chanson dédié à la nourriture, il y aurait de quoi s’amuser. Banane e lamponi, de Gianni Morandi, La pappa col pomodoro, de Rita Pavone, Gelato al limon, de Paolo Conte, ou bien encore Na tazzulella è cafè de Pino Daniele et même un hommage à la France avec Champagne de Peppino di Capri. Alessandra Pierini marie avec originalité ces deux excellences italiennes. Et elle a choisi Ma che bontà, de Mina, pour accompagner son article (n’oubliez pas de chercher, sur n’importe quel moteur de recherche, les chansons qui accompagnent les articles).
Vi auguro una buona lettura!
Rocco Femia, éditeur et journaliste, a fait des études de droit en Italie puis s’est installé en France où il vit depuis 30 ans.
En 2002 a fondé le magazine RADICI qui continue de diriger.
Il a à son actif plusieurs publications et de nombreuses collaborations avec des journaux italiens et français.
Livres écrits : A cœur ouvert (1994 Nouvelle Cité éditions) Cette Italie qui m'en chante (collectif - 2005 EDITALIE ) Au cœur des racines et des hommes (collectif - 2007 EDITALIE). ITALIENS 150 ans d'émigration en France et ailleurs - 2011 EDITALIE). ITALIENS, quand les émigrés c'était nous (collectif 2013 - Mediabook livre+CD).
Il est aussi producteur de nombreux spectacles de musiques et de théâtre.